Les préjugés sociaux autour de la santé mentale : entre démocratisation et jugements


Article rédigé suite à un travail de recherche et d'investigation

Avant de lire l'article : et si on se questionnait quant au sujet des préjugés sociaux autour de la santé mentale ?

Avez-vous le sentiment que la santé mentale est au prisme de nombreux jugements ? Avez-vous déjà rencontré personnellement des préjugés à votre égard ? A l’égard de votre souffrance ou trouble ? Avez-vous la sensation que la société a évolué depuis plusieurs années vis-à-vis de la santé mentale ? Pourquoi je vous pose toutes ces questions ? Par ces questions je vous invite à prendre du recul, à prendre un temps de réflexion sur cette thématiques, car à mon sens, que l’on soit concerné par un problème de santé mentale ou non, on est tous concerné par la thématique étudiée dans cet article. 

 

Au cours de cet article, d'autres réflexions, questionnements vont être proposés. N’hésitez pas à prendre un temps pour essayer d’y répondre. 

Quelle est la définition d'un "préjugé social" ?

Un préjugé est une croyance négative à l’égard d’un groupe de personnes ou d'une personne. Ce préjugé social est porté en fonction de caractéristiques. Il est bien souvent biaisé et ne décrit pas la réalité ! Il est fondé sur des éléments infondés ou peu réfléchis. Il est très souvent imposé et non discuté. Et pourtant tellement discutable. Le préjugé peut s'exprimer ouvertement devant la ou les personnes concernées ou se manifester de manière plus subtile (dans nos comportements, nos actes). 

 

  • En clair , un préjugé social = un jugement auprès d'autrui 
  • En clair, un préjugé social = un jugement général (tout le monde dans le même bateau) 
  • En clair, un préjugé social = jugement auprès d'autrui parfois sans même connaître la personne/les personnes, sans connaître le trouble, sans connaître le vécu, etc. 
  • Un préjugé social peut être très ancré (enraciné) et devenir automatique : jugement, paroles, pensées, actes, comportements automatiques vis-à-vis des personnes concernées. 

Comment et à partir de quoi sont fondés les préjugés sociaux autour de la santé mentale ?

Les préjugés à l'égard de la santé mentale dans notre société sont fondés sur plusieurs raisons.

 

Le préjugés sociaux peuvent se développer et provenir : 

 

  • Des coutumes, des croyances (pratiques sociales)

  • Des expériences personnelles 

  • De l’éducation familiale / de la socialisation / de l’interaction avec un groupe social / des relations sociales 

  • De la société / des médias 

  • De la représentations sociales des troubles 

  • De la carence d’informations soit concernant les personnes elles-mêmes (pas de connaissance de leur troubles, de leur problématiques) soit concernant un trouble, une maladie ou encore un sujet spécifique voire une souffrance morale de manière générale.

  • D'un manque de sensibilisation personnelle et collective 

 

Santé mentale et préjugés sociaux : quels sont ceux qui reviennent le plus ?

À votre papier, à votre crayon !

Certains préjugés sociaux sont plus courants. Cependant, avant de poursuivre, prenez un temps pour vous questionner : “quels sont les préjugés sociaux qui reviennent le plus selon moi ?” “qu’est-ce que je vois ou entend le plus ?”

Bien maintenant, apportons une réponse ! 

 

  • L’un des plus grands préjugés est selon lequel souffrir ou développer des troubles mentaux est un signe de faiblesse.

 

Selon moi, il ne suffit pas d’être “fort” pour ne pas être touché par un problème de santé mentale. C’est bien plus que ça. Je dirais même que personne n’est à l’abri. Et ce, malgré la diversité de caractères, de personnalités, de parcours. Bien que les problèmes de santé mentale peuvent être de l’ordre personnel (prédispositions génétiques, personnalité plus vulnérable, ressources internes moins présentes), l'environnement social a également une très forte influence : crise économique, crise sanitaire, environnement et condition de travail, pression sociale, etc.. C’est en cela que n’importe qui doit être vigilant face à son état de santé mentale. 

 

Propositions de réflexion : n’est-ce pas justement vivre avec une souffrance ou des troubles qui marquent la force d’une personne et sa résilience ? Que signifie réellement “être faible” ?

 

  • Un tout autre préjugé est selon laquelle est les personnes qui souffrent n’ont pas de volonté de s’en sortir 

  • Les personnes souffrant de trouble de santé mentale sont “folles” ou  “dangereuses” 

  • Les personnes souffrant de troubles ne peuvent pas exercer un travail, contribuer à la société, assurer des tâches, ne peuvent pas gérer leur quotidien 

  • Les personnes souffrant de troubles n’ont pas de réelle maladie, cela ne peut pas représenter un handicap au quotidien 

  • Les personnes souffrant de troubles “se laissent aller

  • Les personnes souffrant de troubles profitent de la situation (avantages) 

  • Les personnes souffrant de troubles ne sont pas normales 

 

J’ai pu mettre à l’écrit ces préjugés sociaux qui reflètent exactement ce que de nombreuses personnes que j'ai interrogées et rencontrées vivent, chaque jour, dans leur quotidien. Concernant les profils de personnes, il y a eu autant des personnes non concernées actuellement par des troubles ou tout autre problème de santé mentale, des personnes ayant rencontré des problèmes de santé mentale, des personnes ayant des proches souffrant d’un problème de santé mentale. 

 

Afin de rendre cet article plus concret et au proche de la réalité, voici les retours que j’ai obtenu :

 

“ Je comprend pas tu as tout pour être heureuse/bien” ;  “Ce que j’entends le plus : faut se bouger un peu, c'est dans sa tête, faut pas se laisser aller comme ça” ; “J’ai peur qu’on dise que je suis folle, ou bien que je fais de la comédie”; “C’est une bonne excuse pour ne rien faire et rester chez soi”; “C’est pas une maladie arrête ça se voit pas” ; “Va dans une association pour gens dans le besoin ça te fera relativiser" ; Faut te bouger”; “ On me dit souvent que c’est un manque de volonté, qu’on se complaît dans notre mal-être car il y a toujours pire que soi” ou encore “On me dit que c’est dans ma tête…”.

Voici tous les témoignages que j’ai recensé, et ce n’est qu’une partie ! 

Quels sont les troubles qui sont les plus concernés par les préjugés sociaux ?

 

En réalisant un travail de recherche et en questionnant plusieurs personnes autour de moi, j’ai la sensation que les préjugés sont majoritairement tournés vers certains troubles en particulier : 

  • La dépression, qui est selon moi l’un des troubles les plus jugés et incompris et pourtant un trouble bien plus répandu qu’on ne le pense. 

  • L’anxiété : trouble anxieux généralisé / trouble panique 

  • Et tous les troubles psychiatriques : bipolarité, borderline qui sont souvent référés à la dangerosité et à la folie 

 

La raison ? Bien souvent les préjugés sur ces troubles proviennent d’un manque d’information, ou encore d’une non sensibilisation. Ceci engendre donc la conception de fausses croyances ou d’idées préconçues. 

 

En effet, prenons l'exemple de l’anxiété :

 

L’anxiété est vécue par tout le monde, c’est une réaction normale du corps face à un événement stressant. Cependant, certaines personnes développent ce qu’on appelle un trouble anxieux plus ancré en eux, plus récurrent voire généralisé. Une personne qui n’a jamais développé ce trouble, ou qui n’a jamais été impactée par l'anxiété, qui n'a jamais été informée ou sensibilisé, va avoir probablement beaucoup de mal à comprendre pourquoi cette personne a du mal à sortir de chez elle, pourquoi elle à du mal à faire certaines tâches pourtant si simples, pourquoi elle à du mal à gérer certaines situations, etc. 

 

Concernant un préjugé, c’est autant le manque d'information que le manque de compréhension qui priment. 

Mais alors y a-t-il tout de même une évolution ? Retours d’un sondage réalisé sur mon compte Instagram

L’évolution est visible. L’évolution est bien présente. 100 % des répondants ont affirmé que la société a évolué vis-à-vis de la santé mentale. En effet concernant la santé mentale, plusieurs points ont bel et bien évolué depuis ces dernières années : 

 

  • La sensibilisation / l’information par la parole, par les écrits, par les vidéos 

  • Investissements dans les services de santé mentale

  • Prévention : initiative +++ concernant la promotion de la santé mentale 

 

La santé mentale est devenue une préoccupation. Toutefois, plusieurs retours écrits confirment que malgré l’évolution, l’information, la sensibilisation et plus généralement la démocratisation de la santé mentale, de l’ouverture de nombreux dispositifs, de la verbalisation sur les réseaux sociaux, il est clair que la santé mentale reste un sujet rempli de préjugés. 


 

Il faudra redoubler d’efforts, accroître l’information, les événements, la communication afin d’espérer une évolution et une modification de ses idées reçues.  Partons du principe que depuis de nombreuses années, la santé physique a été au cœur même des préoccupations. Laissant de côté la santé mentale. Jusqu’au moment où les chiffres ont révélé que la santé mentale flanchait elle aussi. Je dirais même que tout s’est accéléré suite au passage de la crise sanitaire de 2020. En effet, la pandémie n’a cessé d’aggraver la prévalence des troubles psychiques et de la souffrance morale de manière générale. 

MANGENOT Léa, psychopraticienne auprès des adultes

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